« Infiniment, cela suffit »





N°24


112 pages
Prix du numéro :
80F (épuisé)

Numéro 24 : « Infiniment, cela suffit »

Poèmes et nouvelles de Sophie Loiseau, Isabelle Saint-Jean, Anne Galland, Marie Motay, Anne Guigou, André Louis Alianet, Eric Von Neff, Guy Viarre, Bruno Erhet, Pierre Colin, Emmanuel Valet, Jacqueline Held, Roland Fuentes, Serge Torri, Jean Le Bot, Jean-Claude Guillon, Stéphane Lévèque, Rémé Gomez, Michel Bruneau.

10 notes de lectures (par Armelle Guillaume, Françoise Ille, Michel Lac, Jacqueline Saint-Jean)

Avec des illustrations de Loreto Corvalán






Je suis un peu magique
comme ces algues retenues par la foi du sol
d'une eau ronde en forme d'outre
verticale aussi qui pousse en chemin
le ciel par-dessus comme une pierre
Je me tiens sur vos pas
depuis le temps
et vous me franchissez
les mains étroites
sans me connaître
Aimez-moi sur le bout de la langue
du bout des lèvres même
Ayez-moi dans les yeux
toute petite à l'envers
comme quand j'étais vivante

Sophie Loizeau




Hiver

Récite-moi un homme,
Récite-moi sa femme aux seins d'azur,
Récite-moi un homme de toutes
les saisons,
Récite-moi l'étrange de ses bras,
Ses visages peuplés de siècles.
Six fois le vent. Six fois la mer.
Six fois le coeur éparpillé, la flûte
et l'averse des mains, la mort.

Pierre Colin




avec la patience du feu replié dans la pierre,
je ne suis qu'un regard au coeur noir

Serge Torri
("Eclipse", extrait)

 




J'ai dû prendre sur la nuit
pour agrandir le jour,
puis sur le sommeil et ses rêves
pour agrandir encore.

Stéphane Lévèque

 




On s'étend toujours sur le même silence,
et l'autre devient son passager.

Michel Bruneau

 

Editorial, par Jacqueline Saint-Jean



« Infiniment, cela suffit »


Chacun ses ogres, ses ogresses, ses "monstres enfouis dans l'argile de nos replis". Touffeur des forêts intimes, fables blanches, eaux-mères, orages, théâtre caché des gestations secrètes.

Chacun cherche ses bottes d'encre, traverse le gué, s'avance vers ses reflets, vers ses appels. "Emerge autant que possible à ta propre surface" (Char). Poème ou récit, chacun sa langue de désir.

"Naître occupe tout mon temps"

Visages "sortis des boues", "peuplés de siècles", "effraction de puits où luisent nos basilics et leurs yeux plein de songes".

Ce qui nous hante n'a pas toujours de nom. Comme "du vent dans les oreilles" ou l'obsédante sensation d'oublier sans cesse quelque chose d'essentiel. Ou bien d'être en retard. "Tu es ailleurs, tu ne sais pas ce que tu cherches", me disait-elle en mon enfance.

Dans la "boulangerie" du monde s'invente la "coexistence".

"Pris à langue", on tourne comme on peut autour du Zircon focal, la noire densité de son noyau d'énigme. Parcours obscurs, écheveau de chemins qui parfois nous échappent.

Les pierres frémissent, "on plante ses doigts dans la terre nécessaire", mais sachons "frapper entre nos mains obscures, frapper nos peaux, nos métamorphoses".

Saisons et lunaisons, les graffitis voyagent...

Si près, si loin, toujours l'exode, son ressac. La carte du monde est encore à refaire. "Et dans la plaine, le roi tue".

Il s'agit toujours de "prendre sur la nuit".

Sans cesse en marche vers la trouée.

"Infiniment, cela suffit".




Jacqueline Saint-Jean  

 

 

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